Le Royaume-Uni et les États-Unis développent un moteur pour un missile de croisière hypersonique. Le ministère de la Défense britannique vient d’annoncer que leurs essais en soufflerie sont prometteurs. Comment fonctionne ce type de missile et pourquoi est-ce compliqué à développer ?
En Europe, seuls deux pays détiennent la dissuasion nucléaire : la France et le Royaume-Uni. Si ce dernier a la pleine souveraineté de son arsenal nucléaire, ses armes sont conçues avec le partenariat des États-Unis. C’est donc avec son allié que le Royaume-Uni vient de réaliser l’essai d’un propulseurpropulseur hypersonique, conçu pour renforcer la dissuasion. Grâce à cette motorisation, les Britanniques comptent créer un missilemissile de croisière capable de voler à une telle vitesse. Ce type de missile se distingue de la plupart des engins hypersoniques actuels. Ces derniers sont lancés de façon balistique, à la verticale, avec un moteur-fuséefusée pour atteindre une altitude élevée. C’est en retombant qu’ils accélèrent pour accéder à une vitesse hypersonique.
Dans le cas du projet des deux partenaires, ce missile – prévu pour 2030 – évoluera comme un avion, mais au-delà de Mach 5, à une altitude peu élevée et avec un très long rayon d’action. Avec sa manœuvrabilité en bonus, l’engin sera pratiquement impossible à détecter et à neutraliser à temps. Tout repose sur la motorisation de ce missile. Comme l’engin vole dans l’atmosphèreatmosphère, il fonctionne comme un réacteur d’avion, avec un moteur aérobieaérobie. Cela lui donne une portée bien supérieure à celle des autres types d’engins hypersoniques.
Régler le problème du flux d’air
Même si le ministère de la Défense britannique ne livre pas les détails du projet, on peut imaginer facilement les contraintes physiquesphysiques que les ingénieurs ont eu à régler, car au-delà de Mach 5, l’entrée de l’airair nécessaire à la combustioncombustion devient ingérable. Il est donc nécessaire de disposer d’une entrée d’air à géométrie variable. Elle peut ainsi moduler l’onde de choc en réduisant la vitesse de l’air nécessaire à la combustion lorsque le missile augmente sa vélocitévélocité au rythme hypersonique. Autre souci, cette motorisation subit des contraintes de températures extrêmes qui peuvent atteindre les 2 000 degrés. Le titanetitane n’y résisterait pas. L’engin doit donc disposer d’alliagesalliages dans d’autres matériaux, comme la céramiquecéramique, et surtout des systèmes de refroidissement.
Bref, éliminer ces contraintes est compliqué. Mais sans dévoiler les détails de la conception, le ministère de la Défense britannique indique que les 233 essais statiques en soufflerie hypersonique ont donné des résultats prometteurs permettant d’aller plus loin dans le développement du missile.
Ces tests ont été menés par une équipe conjointe du Laboratoire des sciences et technologies de la défense (DSTL) et du Laboratoire de recherche de l’armée de l’air américaine (AFRL). Ils se sont déroulés outre-Atlantique au Centre de recherche de Langley de la NasaNasa, en Virginie, durant un mois et demi.