Alors que les modèles prédisaient que l’éruption du Hunga Tonga en 2022 participerait au réchauffement climatique, une nouvelle étude révèle que c’est loin d’être le cas. Des résultats qui mettent en lumière notre méconnaissance des processus atmosphériques et nous avertissent contre toute tentative de jouer aux apprentis sorciers alors que nous ne connaissons pas nos formules.
Quel est l’impact du volcanisme sur le climat ? Voilà une question qui reste encore discutée, tellement les interactions entre les émissionsémissions volcaniques et l’atmosphère sont complexes et encore mal comprises. On pourrait ainsi penser de prime abord qu’une puissante éruption aurait tendance à réchauffer le climat, en lien avec les gaz à effet de serre émis, notamment le CO2 et la vapeur d’eau. Mais on sait aussi que certaines éruptions peuvent produire des hivers volcaniques à cause de l’injection dans l’atmosphère de particules réfléchissant la lumièrelumière du SoleilSoleil. L’un dans l’autre, il devient difficile de faire la part des choses et de prédire la conséquence climatique d’une éruption.
Éruption du Hunga Tonga : un réchauffement prévu… qui n’a pas eu lieu
Face à cette question, l’éruption du volcan sous-marin Hunga Tonga le 15 janvier 2022 a été une aubaine pour les chercheurs. Très puissante, cette explosion a été particulièrement bien monitorée par les scientifiques, qui ont pu collecter une importante quantité de données non seulement au moment de l’éruption, mais durant les mois et années qui ont suivi. L’occasion d’étudier l’impact d’une telle éruption sur le climat à très court terme.
L’une des particularités de cette éruption est qu’elle a injecté une quantité significative de vapeur d’eau directement dans la stratosphèrestratosphère, tout en émettant peu de dioxyde de soufresoufre. La vapeur d’eau étant un gaz à effet de serre particulièrement puissant, il a été rapidement proposé que cette éruption pourrait contribuer à un réchauffement global, contribuant potentiellement à dépasser la barre du +1,5 °C tant redouté.
L’effet de la vapeur d’eau apparait d’ailleurs fortement dépendant de l’altitude à laquelle elle a été injectée. Plus elle se trouve dans les couches externes de la stratosphère, plus l’effet de réchauffement est important. C’est ce point qui avait fait craindre une hausse des températures à la suite de l’éruption.
Toutefois, plus de trois ans après l’éruption, le constat est bien différent. Une nouvelle étude, publiée dans la revue Communications Earth and Environment révèle en effet que l’éruption du Hunga Tonga n’a pas induit de réchauffement global. Bien au contraire, elle serait responsable d’une petite baisse de température (-0,1 °C) dans l’hémisphère Sudhémisphère Sud.
Une étude qui met en lumière notre méconnaissance des interactions atmosphériques
Pour les chercheurs auteurs de l’étude, ce résultat non attendu s’explique par le fait que le dioxyde de soufre s’est rapidement converti dans l’atmosphère en minuscules particules appelées aérosolsaérosols de sulfate. Bien que peu nombreuses, les particules aérosols ont ici présenté une taille extrêmement petite, en raison des interactions chimiques complexes et de processus de mélange stratosphérique encore mal compris, ce qui a décuplé leur capacité à bloquer la lumière du Soleil, au-delà des prévisions. Présents dans l’atmosphère, ces aérosols agissent en effet comme un miroirmiroir, réfléchissant la lumière du Soleil vers l’espace. Un effet suffisamment puissant qui a permis de contrer le réchauffement induit par la présence de vapeur d’eau.
Au-delà de l’apport de ces résultats sur notre compréhension de l’impact climatique des volcans, cette étude nous met en garde contre d’éventuelles tentatives de manipuler le climat par l’injection d’aérosols dans l’atmosphère. Cette méthode de géoingénierie a en effet déjà été envisagée pour stopper le réchauffement climatiqueréchauffement climatique. En mettant en avant les erreurs de prévision concernant l’impact du Hunga Tonga, les auteurs alertent cependant sur le fait que nous sommes bien loin de comprendre et de maîtriser toutes les interactions complexes qui se jouent entre les composants au sein de l’atmosphère.