Ariane 6 met en orbite un satellite crucial pour la défense nationale

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Après plusieurs reports techniques, la fusée européenne Ariane 6 a mis en orbite le très stratégique satellite militaire français CSO-3. Ce succès est important pour l’Europe de la Défense, citée par le président de la République Emmanuel Macron lors de son allocution mercredi soir, suite au revirement historique de l’alliance américaine.

On ne pouvait rêver meilleur message pour la défense européenne, désormais seule pour assister l’Ukraine dans sa terrible guerre face à l’invasion russe. Mercredi 5 mars à 20 h, Emmanuel Macron décrit dans son allocution présidentielle que l’Europe de la Défense est désormais une réalité. Jeudi matin, le ministre de Armées, Sébastien Lecornu, précise que l’Ukraine bénéficie des moyens du Renseignement français. Et enfin, jeudi soir, Ariane 6Ariane 6 renforce ces moyens en mettant en orbite le satellite CSO-3 de l’Armée de l’Air et de l’Espace.

Cette synchronicité est toutefois un pur produit du hasard. Le décollage d’Ariane 6 a dû être décalé plusieurs fois pour raisons techniques, dont la défaillance d’une vanne d’approvisionnement. Sans ces reports, Ariane 6 aurait décollé avant même le dialogue irréaliste entre le président ukrainien Volodymyr Zelinsky et son homologue américain Donald Trump. Ainsi, aujourd’hui, face au retrait du soutien américain par Donald Trump, la mise en orbite de CSO-3 a plus de résonance.

Un décollage sous haute surveillance

L’Armée de l’Air et de l’Espace a déployé de lourds moyens pour protéger le lancement de son satellite de reconnaissance. En plus des soldats de la Légion étrangère et de la gendarmerie, ont été déployés des bâtiments de la Marine, un hélicoptère avec tireur d’élite embarqué et des avions de chasse Rafale prêts à intercepter tout ennemi. On a d’ailleurs noté la présence de Thomas Pesquet, l’astronaute est actuellement réserviste dans l’Armée de l’Air et de l’Espace. L’astronaute français de réserve Arnaud Prost faisait aussi partie des opérations de protection aux commandes d’un avion-radar Awacs.

Pourquoi une telle bulle de protection ? Le satellite CSO-3, déployé par Ariane 6, est le troisième maillon de la composante spatiale optique de la défense française, dédié au renseignement par observation de la Terreobservation de la Terre par satellite. Ce segment est extrêmement important pour la défense car le renseignement permet notamment d’identifier et localiser les cibles et d’anticiper les mouvementsmouvements de troupes ennemies.

Plus de résilience en imagerie militaire

CSO-3 rejoint CSO-1, lancé en 2018, en orbite héliosynchronehéliosynchrone à 800 kilomètres d’altitude. De là-haut, les deux satellites fournissent plusieurs centaines d’images par jour de très haute résolutionrésolution, en lumièrelumière visible ou infrarougeinfrarouge. Pour compléter, CSO-2 a été mis en orbite en décembre 2020 à 480 kilomètres d’altitude pour prendre des clichés à « extrêmement haute résolution », dont la précision n’est pas connue.

L’ajout de CSO-3 a été retardé de plusieurs années à cause des retards d’Ariane 6. Mais il permet de devenir à la fois plus flexible dans l’obtention d’images. Avec trois satellites opérationnels, le Renseignement français dispose désormais d’une meilleure résolution temporelle et peut ainsi mieux suivre ses cibles depuis l’orbite. En outre, si un ennemi parvient à détruire un des satellites, la France disposera des deux autres et ne restera donc pas aveugle. Cette résiliencerésilience est extrêmement importante face aux menaces de guerre spatiale venant de Chine et surtout de Russie.

À la composante optique, s’ajoutent le satellite CérèsCérès, dédié à l’écoute électromagnétique, ainsi que la composante radar SARah de la défense allemande. Avec un tel dispositif, la défense française est prête à rester indépendante des Américains, ce qui est bienvenu au vu de la situation géopolitique actuelle.

Souveraineté européenne

Les satellites militaires français dédiés à la défense comptent beaucoup dans l’Europe de la Défense souhaitée par Emmanuel Macron et ses homologues européens. Est-ce que ce sera suffisant maintenant que les États-Unis ont retiré leur participation dans le Renseignement dans le cadre du conflit ukrainien ?

Dans l’état actuel des choses, il est clair que la défense spatiale réunissant toutes les puissances européennes n’égale pas les capacités impressionnantes du Pentagone, de la Chine, ou de la Russie. Ainsi, le recours aux constellationsconstellations satellites privées n’est pas exclus. La défense spatiale des pays européens peut donc bénéficier de satellites privés en images radar (compagnie ICEYE, Finlande) ou même en écoute électromagnétique avec l’entreprise française Unseenlabs.

Pour résumer, le discours d’Emmanuel Macron, centré sur le besoin d’économie de guerre, trouve heureusement de nombreuses solutions dans l’écosystèmeécosystème spatial, mais qui ont souvent encore besoin de temps pour être opérationnelles. C’est tout le problème, car le temps presse. Et on ignore ce que nous réserve l’impulsivité de Donald Trump…

Les prochains vols Ariane 6

Quatre autres vols Ariane 6 sont prévus. Le prochain est programmé pour l’été avec la mise en orbite d’un satellite météométéo européen de nouvelle génération. Le suivant sera consacré pour la mise en orbite d’un satellite civil d’observation de la Terre Sentinel 1C dans le cadre du programme civil Copernicus de l’Union européenne. Enfin, deux nouveaux satellites Galileo (l’équivalent du « GPSGPS » américain) doivent être mis en orbite à la fin de l’année. À ces lancements soulignant des avancées dans la souveraineté spatiale européenne, s’ajoute un premier vol pour AmazonAmazon.

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