Une terraformation de Mars est-elle possible étant donné la quantité phénoménale d’énergie nécessaire pour construire une atmosphère digne de ce nom ? Peut-être, avancent des chercheurs polonais. Mais pour cela, il faudra s’aventurer bien plus loin dans le Système solaire, jusque dans la ceinture de Kuiper !
La terraformation d’exoplanètes est un thème classique de la science-fiction. Difficile en effet d’envisager coloniser la Galaxie sans passer par cette étape cruciale qui permet de rendre habitable la surface d’une planète. Dans ce rêve d’expansion, Mars est bien sûr la première étape.
De nombreux récits ont ainsi traité le sujet de la terraformation de la Planète rouge. Le plus connu est certainement la Trilogie de Mars de Kim Stanley RobinsonKim Stanley Robinson. L’auteur y décrit en effet en détail toutes les étapes de la transformation de Mars et les moyens mis en œuvre : réalisation de forages profonds pour libérer la chaleur interne en surface, fonte du permafrostpermafrost par déclenchement d’explosions nucléaires et bien sûr modification de la chimie atmosphérique par la dispersion d’alguesalgues génétiquement modifiées et libération de gaz à effet de serregaz à effet de serre. Une vision plausible au premier abord, mais qui semble cependant difficilement réalisable d’après l’analyse menée par des chercheurs polonais.
Terraformation de Mars : le problème de la pression atmosphérique
Car si Mars possède de nombreux atouts, son gros problème est son atmosphère, bien trop fine. Actuellement, la pressionpression en surface est seulement de 600 Pa. Soit 0,6 % de la pression terrestre ! Outre le fait qu’il règne une température glaciale d’environ -50 °C, toute personne se promenant à la surface de Mars sans combinaison pressurisée verrait donc son sang se mettre à bouillir de façon instantanée. Augmenter la pression atmosphériquepression atmosphérique de la planète semble donc être le prérequis indispensable avant de penser à la suite.
Or, les moyens décrits par Kim Stanley Robinson dans sa trilogie seraient loin d’être suffisants pour permettre d’atteindre une pression de plus de 100 000 Pa. La quantité d’énergieénergie à apporter au système semble en effet colossale. Cela signifie-t-il qu’il faille tirer un trait définitif sur l’idée d’une terraformation de Mars ? Peut-être pas. Dans un résumé présenté pour la 56e Lunar and Planetary Conference, Leszek Czechowski propose une solution : faire s’écraser sur la surface de Mars un très gros astéroïdeastéroïde qui aurait préalablement été extrait de la ceinture de Kuiperceinture de Kuiper.
Pour rappel, la ceinture de Kuiper s’étend au-delà de l’orbiteorbite de NeptuneNeptune et se compose de très nombreux astéroïdes hérités de la formation du Système solaireSystème solaire. Ils sont donc particulièrement riches en glace d’eau et en d’autres éléments volatils comme le méthane et l’ammoniacammoniac. Autant d’éléments qui, une fois sous forme de gaz, pourraient permettre d’étoffer l’atmosphèreatmosphère de Mars.
L’impact d’un tel astéroïde libérerait ainsi d’énormes quantités d’eau et de gaz. L’énergie du choc permettrait quant à elle de réchauffer significativement la planète.
Acheminer un astéroïde de la ceinture de Kuiper : un défi qui n’est pas pour tout de suite
Augmenter la pression martienne serait donc possible par ce biais. En théorie tout du moins, car il reste la question de l’acheminementacheminement d’un astéroïde à partir de la ceinture de Kuiper. Si des systèmes de propulsion pourraient s’en charger en quelques décennies, rien ne permet de savoir cependant si un tel astéroïde gelé arriverait à bon port en un seul morceau. Mars se situe en effet dans la région interne du Système solaire, une zone où la chaleur apportée par le SoleilSoleil est bien plus importante que dans la ceinture de Kuiper ! Il n’est donc pas impossible qu’un astéroïde principalement composé d’eau gelée se désagrège sous l’effet de la sublimationsublimation des gaz qui le composent.
Bref, on peut donc imaginer que Mars perde un jour sa teinte rouge pour devenir bleue, puis verte. Mais étant donné les moyens colossaux à mettre en œuvre, cette terraformation n’est certainement pas pour tout de suite !