Les personnes les plus riches sont celles qui ont l’empreinte carbone la plus importante. Même si elles avaient les moyens financiers de changer leurs habitudes, elles résistent encore et toujours à la transition. Car elles l’associent à trop de sacrifices. Pourtant, les études disent tout le contraire…
Lutter contre le réchauffement climatique va demander des sacrifices. Ou au moins, des efforts conséquents. C’est ce que pensent beaucoup d’entre nous. Parce que c’est ce qui nous est dit et répété depuis des années maintenant. Par les politiques. Dans les médias. Les scientifiques, eux, sont pourtant loin d’être aussi catégoriques. Une équipe de l’université de Bath (Royaume-Uni) explique aujourd’hui, dans la revue PLOS Climate, comment des modes de vie sobre en carbonecarbone devraient, au contraire, être associés à un certain bien-être.
À l’origine de leur réflexion, l’estimation publiée par le Comité britannique sur le changement climatiquechangement climatique que « 62 % des réductions des émissions de gaz à effet de serre nécessaires pour atteindre la neutralité carboneneutralité carbone dans le pays d’ici 2050 reposent sur une forme ou une autre de changement socio-comportemental ». Mais difficile de convaincre des personnes de changer leurs habitudes alors qu’elles sont certaines que cela va leur coûter. Pas seulement en argentargent. Et c’est d’autant plus dommage que les chercheurs soulignent que si les 10 % des personnes les plus riches de la planète émettent plus de la moitié du dioxyde de carbone (CO2), ce sont aussi celles qui ont la plus grande « capacité carbone ». Comprenez, celles qui, si elles faisaient baisser leurs émissionsémissions, non seulement aideraient à une transition juste, mais en plus, accélèreraient cette transition.
Les plus riches ont adopté la surconsommation comme mode de vie
Par quelle magie ? « Notamment par leur capacité financière à adopter rapidement des technologies à faible émission carbone et leur goût pour l’innovation, mais aussi par leur capacité à exercer une influence positive en matièrematière de climat au sein de leurs réseaux sociauxréseaux sociaux et professionnels. » Comprenez que les riches servent souvent de modèles. En plus, en étant les premiers à adopter des technologies bas carbone, ils pourraient très concrètement aider à en faire baisser les prix de ces technologies. À les rendre plus accessibles au reste de la population.
Et c’est à ce stade que nous revient la notion de sacrifice. Car les chercheurs montrent que les personnes aisées associent généralement les modes de vie sobres en carbone au sacrifice et la consommation au bien-être. Ce qui explique sans doute que, quel que soit le secteur d’émission – alimentation, énergieénergie, transports ou achats divers -, les personnes riches consomment plus que les personnes moins riches. Les chercheurs observent, par exemple, que les personnes aisées sont significativement plus susceptibles que les autres d’acheter des articles jetables au moins une fois par semaine. Elles préfèrent aussi les articles neufs à ceux de seconde main. Et 7 % des participants aisés à l’enquête menée ici ont déclaré avoir passé plus de 40 heures dans un avion au cours de l’année écoulée !
Les bénéfices à récolter de la lutte contre le réchauffement climatique
Encouragées par leur entourage, lui aussi aisé, les personnes riches ont tendance à sous-estimer les impacts environnementaux de cette surconsommation. Ils arrivent même facilement à la justifier ou à se dédouaner. « Outre mes déplacements professionnels [estimés à 200 à 300 heures par an], je pense que notre empreinte est relativement faible… nous recyclons… », estime l’un des participants à l’étude. « Je n’aime pas acheter d’occasion… ça ne me donne pas cette dose de dopaminedopamine d’avoir fait un achat coûteux », confie un autre. Pour un autre encore, « [réduire mon empreinte carbone] est difficile à accepter quand les grandes entreprises font ce qu’elles veulent… Je ne suis qu’une goutte d’eau dans l’océan. »
Pour sortir de l’impasse, les chercheurs préconisent notamment de « mettre en avant les synergies entre santé, bien-être et choix bas carbone ». Ils donnent quelques exemples à méditer. Ainsi, des études qui montrent de plus en plus que les modes de vie hypermobiles peuvent avoir des conséquences négatives sur la santé mentale et physiquephysique. D’autres travaux qui suggèrent qu’un régime trop riche en viande rouge n’est pas conseillé pour rester en bonne santé. Des données, enfin, qui font la preuve des bénéfices pour le bien-être d’une connexion plus importante à la nature. Certains ont essayé et ils témoignent sur les réseaux sociaux. Aarne Granlund est de ceux-là. En réaction à l’étude publiée par les chercheurs de l’université de Bath, il écrit : « Depuis que je vis avec un tiers des émissions de GESGES du Finlandais moyen, mon bien-être s’est amélioré (santé, forme physique, etc.). » Ce n’est que son expérience personnelle, mais…