En Ukraine, sur le front, le détournement des stations Starlink à des fins militaires est connu depuis le début de l’invasion russe. C’est l’un des atouts des combattants pour faire face à la « masse » russe à l’aide de drones. En cas de coupure brutale du réseau par Elon Musk, OneWeb d’Eutelsat serait-il vraiment capable de prendre le relais ?
« Nous avons les mêmes compétences, nous volons plus loin qu’eux et donc nous couvrons plus loin », voilà ce qu’assure Eva Berneke, directrice générale Eutelsat sur le plateau de BFM-TV, lorsqu’on lui demande si le service OneWeb d’Eutelsat pourrait aider les Ukrainiens à disposer d’une connectivité Internet sur les zones blanches du front.
Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, malgré la dégradation et le brouillage des réseaux de données mobilesmobiles à l’est et au sud du pays, la connectivité est maintenue grâce à l’abondance de kits StarlinkStarlink. Et depuis cette date, les forces armées ukrainiennes les exploitent également pour gérer leurs drones d’attaque et assurer leur coordination sur le terrain. Cependant, cette utilisation de son réseau à des fins militaires n’a jamais vraiment plu à Elon Musk. Le patron de SpaceXSpaceX a ainsi bridé leur exploitation à des fins militaires et s’est même montré critique sur le coût de la fourniture du service en Ukraine. Les terminaux restent toutefois bien présents et utiles sur le terrain.
Alors que les États-Unis ont décidé, il y a quelques jours, de bloquer radicalement la fourniture de renseignements aux Ukrainiens, Elon MuskElon Musk – en raison de sa proximité avec la Maison Blanche – pourrait bien supprimer brutalement l’accès de ce réseau aux Ukrainiens.
Mettre la pression sur Musk ?
Comme l’a annoncé Eva Berneke « pas de souci », l’opérateur en satellites européen Eutelsat se dit paré à prendre le relais via son service OneWebOneWeb. Depuis cette annonce, la valorisation boursière d’Eutelsat a gonflé de 200 %. Si au sol, la solution de OneWeb est similaire à celle de Starling avec des terminaux qui peuvent lui ressembler, sa constellationconstellation est limitée à 630 satellites, soit presque dix fois moins que pour Starlink.
Mais comme la taille ne fait pas tout, ce n’est pas un souci, comme l’a rappelé la directrice, car les satellites de OneWeb se trouvent à 1 200 kilomètres au-dessus de la Terre, contre 340 à 600 kilomètres pour son concurrent. Autrement dit, OneWeb couvre plus large, puisque plus loin, mais avec un inconvénient : une latence supérieure qui pourrait impacter l’utilisation des drones. Autre lacune : les satellites ne sont pas interconnectés pour optimiser la bande passante, et la liaison semble moins résiliente en cas de brouillage.
Mais pour le reste, si l’on retire le fait que Starlink est dirigé par un Elon Musk au service de Trump, les deux services se valent et l’arrivée de l’un en Ukraine pourrait bien contraindre le premier à rester opérationnel. C’est déjà un bon début pour maintenir une connectivité sur le terrain. Il existe également une autre nuance entre les deux services. OneWeb est essentiellement commercialisé comme service via des entreprises. D’ailleurs, l’Ukraine l’utilise déjà par l’intermédiaire d’un opérateur allemand. Son déploiement est sans doute, de facto, plus contraignant en pratique.
Malgré ces quelques différences, l’ajout massif de OneWeb en Ukraine est de toute façon appréciable, c’est bien mieux que rien de toute façon, mais encore faudrait-il que les militaires ukrainiens puissent l’intégrer à leurs systèmes, ce qui reste l’essentiel du problème. Autre détail qui compte, il faut également que les institutions européennes s’accordent pour valider le déploiement rapide de ces terminaux en Ukraine.