Les crocodiles américains, autrefois au bord de l’extinction, ont trouvé un refuge inattendu dans cet environnement industriel.
En 1976, à l’ombre de la centrale nucléaire de Turkey Point, au cœur de la Floride, dans un environnement qu’on pourrait imaginer plutôt hostile à la vie sauvage, une présence insoupçonnée a été révélée : celle de crocodiles américains (Crocodylus acutus).
Le projet de constructionconstruction de la centrale, commencé dans les années 1960, a conduit à la création de bandes de terre surélevées le long des canaux. Ces structures, initialement conçues pour des raisons techniques, ont involontairement offert aux crocodiles un nouvel habitat propice à la nidification. Ils ont rapidement adopté ces zones, profitant de l’eau chaude rejetée par la centrale.
Une espèce autrefois en danger…
À l’époque de la découverte, le crocodile américain, grand reptile gris-vert pouvant atteindre six mètres de long, était en grand danger. Inscrite sur la liste des espèces menacées, l’espèce avait vu sa population chuter à quelques centaines d’individus.
Mais, le réseau de canaux de cette centrale nucléaire grand de quelque 2 400 hectares a fini par involontairement reproduire l’habitat naturel des crocodiles, loin des perturbations humaines.
Miami could use some at Turkey Point nuclear generating station. @FrancisSuarez @insideFPL @NextEraEnergyR pic.twitter.com/DFzCxzgOCp
— W. Aaron Daniel (@wadaniel) June 23, 2021
… qui aujourd’hui ne fait que croître en population
Après la découverte, un programme de préservation a été mis en place à Turkey Point avec une équipe dédiée à la protection des crocodiles et à l’aménagement de leur habitat. Une équipe patrouille annuellement les canaux afin de recenser les populations de crocodiles, les pucer et veiller à leur bon état de santé. Grâce à ces efforts, la population de Floride compte aujourd’hui plus de 2 000 individus et ne cesse de croître.
L’équipe de conservation de la centrale nucléaire de Turkey Point a pour mission de surveiller et de protéger les crocodiles américains qui ont élu domicile dans les canaux de refroidissement entourant la centrale. © Florida Power and Light
Mike Lloret, biologiste de la Croc Team de Turkey Point, affirme que « contrairement aux idées reçues, les crocodiles de Turkey Point ne sont pas radioactifs. C’est un sanctuaire pour eux, ils sont en sécurité ici ». Car théoriquement, l’eau utilisée pour le refroidissement de la centrale ne touche jamais les parties radioactives des réacteurs, garantissant ainsi leur sécurité.
Cependant, des préoccupations environnementales subsistent. En 2016, des chercheurs ont détecté des niveaux élevés de tritiumtritium, un isotopeisotope radioactif, dans la baie de Biscayne voisine. Cette découverte a soulevé des inquiétudes quant à une possible contamination des eaux environnantes. Trois ans plus tard, en 2019, un organisme avait révélé que la mauvaise qualité de l’eau, liée à une forte augmentation de la salinitésalinité dans les canaux, nuisait aux crocodiles, entraînant un avertissement du Centre pour la biodiversitébiodiversité.