la Nasa s’apprête à sabrer 50 % de son budget scientifique sous l’égide d’un proche de Musk !

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L’entrepreneur et pilote milliardaire Jared Isaacman, ami d’Elon MuskElon Musk, est connu pour avoir monté le programme privé PolarisPolaris pour lequel il a dirigé deux vols spatiaux à bord d’une capsule Crew Dragon de SpaceXSpaceX : Inspiration4 et la mission DawnDawn dont il est devenu le premier astronaute privé de l’histoire à réaliser une sortie extravéhiculaire – en dépit de certains incidents techniques.

Isaacman, soutenu par Elon Musk, est le candidat choisi par Donald Trump pour devenir le prochain administrateur de la Nasa. Son adoubement doit avoir l’aval du Sénat, où il vient d’être auditionné. Sa mission s’annonce délicate, avec le dirigeant de SpaceX qui insiste pour soutenir, d’une part, une mission habitée sur Mars, appuyée par le président américain (bien que ce ne soit pas une « top priorité »), et d’autre part, le programme lunaire Artemis. À ce cocktail impossible s’ajoutent les terribles purges et coupes budgétaires à venir à la Nasa.

La Lune ou Mars ? Les deux, mon capitaine !

Isaacman n’est pas venu seul à l’audience. Sa famille était présente avec lui, dont ses deux filles. Jared s’est appuyé sur leur présence pour exprimer sa volonté d’inspirer les futures générations d’Américains avec d’ambitieuses missions spatiales. Pour soutenir leur commandant, étaient aussi présents les astronautes privés de SpaceX et les touristes spatiaux des missions Inspiration4 et Dawn. Mais ils n’étaient pas les seuls astronautes sur place. En effet, c’est sous le regard circonspect des astronautes de l’équipage d’Artemis II qu’a commencé l’audience. Sont-ils venus constater eux-mêmes si leur mission est bien maintenue ?

Retrouvez ici le replay de l’audience. © Nasa

Même si Jared a, au préalable, assuré prioriser une mission vers Mars, il s’engage à ne pas abandonner la Lune, ce qui serait une « erreur catastrophique » selon le sénateur texan Ted Cruz, dirigeant le comité dédié au commerce, au transport et aux sciences, et qui préside la séance. Face à la volonté de Donald Trump et d’Elon Musk de « planter un drapeau américain sur Mars », les sénateurs n’ont pas caché leur inquiétude pour le programme lunaire Artemis qui représente près de 2 000 emplois directs aux États-Unis.

Stupéfiant tout le monde, Jared Isaacman pense que la Nasa peut assurer à la fois le programme Artemis et une mission pour Mars ! Ted Cruz lui rappelle alors que la loi américaine prévoit de prioriser la Lune, d’y établir une base, en prémices d’une mission martiennemission martienne. Mais Isaacman ne veut pas attendre, invoquant les capacités de la Nasa à réaliser l’impossible, en référence au temps des missions ApolloApollo, une période avec bien plus de moyens de toutes sortes. Incomparables avec le budget actuel de la Nasa menacé de lourds coups de rabot.

Sursis pour le SLS et l’ISS, à l’encontre des intentions de Musk

Isaacman encourage à maintenir le Space Launch System et le vaisseau OrionOrion, seule fuséefusée lunaire et seul vaisseau spatial aptes aujourd’hui à envoyer des astronautes vers la Lune, mais il reconnaît que ce n’est pas la solution à long terme. Ainsi, sans le dire, il ouvre la voie au Starship de SpaceX, déjà sélectionné comme module d’alunissage des astronautes, pour prendre le relai.

Pour garder la confiance du Sénat, qui contrôle le budget de la Nasa, Isaacman a donc dû dédire Elon Musk, qui pense que la Lune est une distraction et que la Station spatiale internationaleStation spatiale internationale doit être désorbitée au plus vite. « Nous ne pouvons laisser la Lune et l’orbiteorbite basse aux Chinois », insiste-t-il, en écho de Ted Cruz. Le sursis est également accordé à la future station spatiale internationale GatewayGateway.

Concernant l’ISS, Isaacman s’est engagé à ne pas la désorbiter avant 2030. « Nous devons l’exploiter autant que possible », précise-t-il, rappelant que les projets de stations spatiales privées devant assurer la relève sont tous en retard. Or, ces stations doivent assurer une transition permettant aux astronautes américains d’entretenir une présence permanente en orbite.

50 % de sciences en moins ?

« Nous devons envoyer toujours plus de télescopestélescopes [spatiaux], de roversrovers, et de sondes. » Isaacman se présente en grand passionné des sciences spatiales. Pas de chance pour lui : deux jours plus tard, Ars Technica révèle le projet de budget 2026 de la Nasa. C’est un véritable massacre : près de la moitié du budget scientifique en moins (3,9 Md $ contre 7,5 Md $ en 2025). En détail :

  • 68 % de coupe budgétaire pour l’astrophysiqueastrophysique (HubbleHubble et JWSTJWST maintenus, mais moins de fonds pour les autres télescopes, annulation du Nancy Roman Telescope alors qu’il est déjà assemblé pour un décollage en 2026) ;
  • 43 % de coupe budgétaire pour l’héliophysique ;
  • 30 % de coupe budgétaire pour la planétologie (CuriosityCuriosity et Perseverance maintenus, mais fin du programme de retour d’échantillons martiensretour d’échantillons martiens MSR et annulation de la mission Davinci vers VénusVénus) ;
  • 53 % de coupe budgétaire pour les sciences de la Terre et du climat (ainsi qu’une coupe des deux tiers du budget de l’agence nationale de la météométéo, la NOAANOAA).

L’annonce de ces coupes a déclenché de très nombreuses réactions. Au total, la Nasa pourrait perdre 20 % de son budget total (20 Md $ contre 25 Md $ en 2025). Le site le plus menacé est le Goddard Space Flight CenterGoddard Space Flight Center au Maryland à proximité de Washington DC). La Maison Blanche compte le fermer : 10 000 emplois sont menacés. Tout cela doit néanmoins avoir l’aval du Sénat, qui va tenter de sauver les meubles, mais Donald Trump pourrait tenter de passer en force.

De son côté, Jared Isaacman cherche à se positionner comme architectearchitecte d’une libéralisation de nombreuses activités de l’agence spatiale, laquelle doit se concentrer pour « réaliser l’impossible » et se focaliser sur des innovations technologiques qui n’ont pas d’approche commerciale, comme la propulsion nucléaire, et passer la main à l’industrie pour le reste. En même temps, il martèle qu’il faut trouver une raison d’être au marché spatial, de sorte que la demande ne soit pas concentrée par le gouvernement américain comme c’est le cas aujourd’hui. Une équationéquation économique difficile, surtout que la Maison Blanche vient d’éconduire l’économiste en chef de la Nasa…

Conflit d’intérêt avec Musk ?

C’était le point d’orgue de l’audience. À propos de sa nomination par Donald Trump pour diriger la Nasa, le sénateur Markey a tenté de soutirer des informations à Isaacman : quel a été le rôle d’Elon Musk ? Tout remonte à un entretien entre Jared et Trump dans sa résidence à Mar-a-Lago en Floride, au cours duquel le président (élu à ce moment, mais pas encore investi) lui propose le job. Musk était-il là ? Si oui, cela constituerait un flagrant délit de conflit d’intérêt pour le patron de SpaceX.

Isaacman reconnait que Musk était bien à Mar-a-Lago durant cette période. « Était-il présent lors de l’entretien avec Donald Trump ? », Markey lui pose la question à six reprises. Toujours la même réponse froide d’Isaacman : « C’était un entretien avec le président des États-Unis ». Markey repart bredouille. Isaacman a également juré n’avoir jamais discuté de la stratégie d’administration de la Nasa avec Elon Musk depuis sa nomination fin janvier. L’audience étant sous serment, en cas de parjure, Isaacman risque la prison.

 

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