« Nous pouvons ramener la vie là où il n’y en avait plus ». L’expérience a été menée sur le domaine de Knepp et le film « Wilding » nous la raconte

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Comment un couple d’agriculteurs anglais a réussi à transformer un paysage laid et malaimé en un havre de paix. C’est l’histoire d’un réensauvagement réussi que raconte le film « Wilding, le retour à la nature ». Distribué par Jupiter Films, il sera prochainement dans les salles.

Le projet Oostvaardersplassen (OVP). Il a été lancé dans les années 1980 aux Pays-Bas, comme son nom le laisse deviner. L’idée : présenter des bovins Heck, des chevaux Konik et des cerfs élaphes, bref, des espèces anciennes, sur des terres assimilées. Un exemple bien connu au sein de la communauté scientifique de projet dit de réensauvagement. Les Anglophones parlent de « rewilding » ou tout simplement de « wilding ». Pour décrire une tentative de restaurer un écosystème en permettant à la nature de reconquérir des zones jusqu’alors exploitées par les humains. Et ça fonctionne. Les experts de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICNUICN) le confirment. À condition toutefois d’œuvrer selon les dix principes convenus par plus de 150 de ses scientifiques.

Le saviez-vous ?

En consultation avec plus de 150 experts, le Groupe thématique sur la réensauvagement (GTR) de la Commission de la gestion des écosystèmes (CGE) de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a élaboré dix principes pour guider les initiatives de réensauvagement. Par exemple :

  • le réensauvagement utilise la faune sauvage pour restaurer les réseaux et les chaînes alimentaires ;
  • le réensauvagement s’appuie sur la science et prend en compte les savoirs locaux ;
  • le réensauvagement reconnaît la valeur intrinsèque de toutes les espèces ;
  • le réensauvagement représente un changement de paradigme dans la coexistence entre l’homme et la nature.

Le premier de ces principes a bien été observé du côté des Pays-Bas. Des animaux ont été réintroduits. Mais sans que leurs effectifs soient maîtrisés. Et sans qu’il leur soit laissé la possibilité de migrer vers de nouveaux habitats. Résultat : une végétation indigèneindigène dégradée par le surpâturage et jusqu’à 30 % d’animaux morts lorsque la nourriture s’est faite rare en hiver. Le tout jusqu’à ce que, en 2018, un plan de gestion vienne enfin réduire le nombre des herbivores présents dans la région.

Un projet de réensauvagement dans le sud-ouest de l’Angleterre

Le projet Oostvaardersplassen, il en est question dans le dernier film de David Allen distribué par JupiterJupiter Films : « Wilding, le retour à la nature », prochainement au cinéma. Mais il est surtout question du projet d’un couple d’agriculteurs anglais, qui s’en est partiellement inspiré pour rendre à la nature, son domaine de 1 300 hectares dans le sud-ouest du pays. Isabella Tree et Charles Burell ont arraché les clôtures et laissé leurs terres aux bons soins de quelques animaux en liberté. Des races anciennes de chevaux, de bovins et de porcins. « Il s’agissait réellement pour nous de faire confiance à la nature et de voir ce qui allait se passer », raconte Isabella Tree dans le film.

Et il s’est effectivement passé tout un tas de choses à découvrir au fil de quelque 85 minutes du documentaire. Le retour très rapide d’instincts totalement effacés chez les animaux de ferme. Puis, quelque chose « d’absolument extraordinaire ». L’arrivée sur les terres du domaine de Knepp, de l’un des oiseaux les plus en danger du Royaume-Uni : la tourterelle des boisbois. 98 % de la population du pays avait été perdue avant la mise en place en 2021 d’une interdiction de les chasser sur toute leur route migratoire. Malheureusement, la tourterelle des bois reste vulnérable et les populations dans le pays diminuent.

Restaurer les chaînes de connexion naturelles

Ce que le film de David Allen montre surtout, c’est tout ce que nous ne voyons pas de la nature. Tout ce que nous ne voyons plus. Ce que l’héritier du domaine et mari d’Isabella Tree, Charles Burrell, appelle « la magie ». Mais que la science sait parfaitement expliquer. Les chaînes de connexions qui dépendent de tous les membres d’un écosystème. La vie cachée des sols. Ou les effets étonnants de la présence de grands herbivoresherbivores sur un terrain.

Laissons toutefois une part de merveilleux à cette belle histoire du domaine de Knepp. Celle d’un sauvetage in extremis opéré par une impressionnante nuée de papillons Belle-DameBelle-Dame dont les chenilleschenilles ont dévoré les chardons rampants qui avaient, eux aussi, pris leurs aises dans le secteur. « Nous avions d’immenses colonies de chardons. Or le gouvernement exige que la propagation de ces chardons soit strictement contrôlée. Et il est de notoriété publique que seuls les herbicidesherbicides les plus puissants peuvent en venir à bout. Pourtant, cette année-là, en 2009, des dizaines de milliers de papillons ont résolu le problème pour nous », se souvient Isabella Tree.

Rendre l’Europe entière à la nature

« Au Royaume-Uni, un quart des mammifèresmammifères est en danger. Ce que nous faisons sur le domaine Knepp ne pourra pas arrêter l’extinction en marche. Mais l’expérience montre que nous pouvons ramener la vie là où il n’y en avait plus. Nous savons comment faire », assure l’épouse de Charles Burell. Il y a quelques mois, des chercheurs du Musée national des sciences naturelles (Espagne) et de l’Université d’Évora (Portugal) le confirmaient. Les terres agricoles abandonnées d’Europe pourraient retrouver une nouvelle vie grâce au réensauvagementréensauvagement. Un quart du continent européen, soit 117 millions d’hectares, regorge même d’opportunités.

Dans les régions où existent encore des herbivores en bonne santé, il suffirait de les laisser réintégrer progressivement les zones façonnées par les humains. Dans les régions où ils ont disparu, il faudrait en réintroduire. Des herbivores, comme le cerf ou le lapin. Mais aussi, des carnivorescarnivores, comme le loup, l’ours ou le lynx. « Je qualifie souvent les herbivores d’ingénieurs de l’écosystème, car ils broutent et façonnent la végétation. Les prédateurs, eux, seraient les architectesarchitectes, créant des « paysages de peur » que les herbivores évitent, explique Miguel B. Araújo, l’auteur principal de ces travaux. L’interaction entre herbivores et carnivores crée dans les paysages des mosaïques essentielles à la biodiversitébiodiversité ».

Le réensauvagement pour soutenir notre lutte contre le réchauffement climatique

Un épisode récent rappelle cependant à quel point il est crucial pour la préservation que le tout se fasse dans le respect des réglementations. En janvier dernier, quatre lynx eurasiens ont été relâchés illégalement près de Kingussie, dans le parc national des Cairngorms, en Écosse. Un acte irresponsable qui n’a pas manqué de ternir l’image du mouvementmouvement de réensauvagement. Le tout alors même que « nous sommes engagés dans une course contre-la-montre », souligne Miguel B. Araújo. Les zones qui semblent les plus prometteuses en Europe pour la réintroduction de la faunefaune sauvage aujourd’hui pourraient ne plus être les mêmes dans 50 ans en raison des impacts du changement climatique  ».

Comment le rewilding, ou le réensauvagement, peut atténuer le réchauffement climatique

Une course contre-la-montre qu’il serait d’autant plus important de remporter que les plus fervents adeptes du réensauvagement affirment que l’approche peut aider à stocker plus de carbonecarbone. Et des études commencent à le prouver. Elles montrent aussi comment rendre des espaces à la nature peut nous aider à s’adapter aux changements à venir. La renaturation des chenaux fluviaux, par exemple, améliore la rétention de l’eau et ralentit les débitsdébits. De quoi limiter les risques d’inondationsinondations. Risques qui peuvent aussi être contenus grâce à la réintroduction de roulettes. Souvent encore semée d’embuches quand on tient à le faire dans les règles de l’art, cette aventure-là a aussi été vécue au domaine de Knepp. Elle est à découvrir dans le film « Wilding »

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