Et si les poissons-clowns avaient trouvé un moyen de tromper les anémones de mer ? Une étude récente dévoile un secret chimique qui pourrait bien expliquer leur étonnante immunité aux piqûres.
Depuis des décennies, une question taraude les biologistes marins : comment les poissons-clowns, ces petits poissons colorés rendus célèbres par le cinéma, peuvent-ils vivre tranquillement au milieu des tentacules urticantsurticants des anémones de mer ? Une nouvelle étude, publiée le 15 février dans la revue BMC Biology, apporte des nouvelles réponses à cette énigme.
Des mécanismes complexes encore mal compris
Les anémones de mer sont dotées de cellules urticantes appelées nématocystes, qu’elles utilisent pour se défendre et capturer leurs proies. Ces cellules se déclenchent au contact de substances chimiques présentes sur la surface des organismes étrangers, libérant des toxinestoxines qui paralysent ou tuent les intrus. Cependant, les poissons-clowns semblent immunisés contre ces piqûres, ce qui intrigue depuis longtemps les scientifiques.
✨ The ultimate love story of the reef! Clownfish & Anemones!
???? Why Are They the Perfect Pair? Clownfish (Amphiprioninae) and sea anemones share a mutualistic relationship, meaning both benefit from being together.
Clownfish Benefits:
???????? The anemone’s stinging tentacles… pic.twitter.com/De49mQ2axa— Bluewater Travel (@BWdivetravel) February 14, 2025
Plusieurs théories ont été avancées pour expliquer cette immunitéimmunité. L’une des hypothèses les plus répandues concerne le mucusmucus protecteur qui recouvre les poissons-clowns. Ce mucus pourrait contenir des substances spécifiques qui empêchent les nématocystes de se déclencher, agissant ainsi comme une barrière protectrice.
Une autre théorie propose que les poissons-clowns se frottent délicatement contre les tentacules des anémones, ce qui pourrait les aider à s’acclimater progressivement aux toxines de l’anémone et à développer une tolérance.
Une technique surprenante : le camouflage moléculaire
Les chercheurs de l’Okinawa Institute of Science and Technology en collaboration avec des chercheurs du CNRS ont découvert un mécanisme clé qui pourrait bien expliquer ce mystère : les poissons-clowns sauraient en fait tromper chimiquement leur hôte.
Le secret réside bien dans leur mucus cutanécutané. Les chercheurs ont découvert que les poissons-clowns ont développé la capacité de maintenir des niveaux extrêmement faibles d’acideacide sialique dans leur mucus. Ce sucresucre, présent sur la surface de nombreuses cellules animales, est précisément le signal qui déclenche l’activation des cellules urticantes des anémones. Sans acide sialique, pas de libération de nématocystes, et les poissons deviennent alors indétectables pour l’anémone.
Les chercheurs ont constaté que les anémones de mer présentent également très peu de ces composés dans leur propre mucus, probablement pour éviter de se piquer elles-mêmes.
Et additionnellement, ils ont remarqué que les jeunes poissons-clowns possèdent des niveaux normaux d’acide sialique et se font piquer comme n’importe quel autre poisson. C’est seulement à leur métamorphose que leur corps réduit drastiquement la quantité d’acide sialique et qu’ils peuvent s’installer en toute sécurité parmi les tentacules.
Des nuances à apporter
Une autre étude récente, publiée en janvier dans la revue ScientificReports, a révélé que la question des sucres N-acétylésacétylés, comme l’acide sialique, pourrait être plus complexe qu’on ne le pensait. En effet, bien que les poissons-clowns semblent dans plusieurs études avoir montré des niveaux réduits de cet acide sialique, cette différence n’explique pas entièrement leur immunité aux piqûres des anémones.
Les mécanismes de cette symbiose impliqueraient une interaction entre des métabolitesmétabolites spécifiques et peut-être des changements dans la flore bactérienneflore bactérienne des poissons-clowns. Une hypothèse partagée avec les chercheurs de la première étude qui proposent comme explication que les bactériesbactéries vivant sur leur peau, appelées microbiomemicrobiome cutané, jouent un rôle clé dans le processus. Cette hypothèse, expliquent les chercheurs, est étayée par des observations antérieures selon lesquelles, lorsque des poissons-clowns et des anémones de mer vivent ensemble, leur flore bactérienne converge au fil du temps.
Les futures recherches viseront à confirmer ce mécanisme en manipulant le système, notamment en rendant les poissons-clowns sensibles aux piqûres d’anémones et les poissons non symbiotiques résistants.